Télé et conséquences

J’avoue, je n’ai pas vu l’intervention télévisée du Président jeudi (à cette heure-là, le jeudi,  je fais cours à 40 étudiants). J’ai dû me contenter de digests presque tous partisans.
J’en ai surtout retenu la boîte à outils:

et les sondages qui suivent, immanquablement:

Crime de lèse-majesté

Pour bien comprendre la réaction outrancière et outrée de son parti à la mise en examen de Nicolas Sarkozy, il faut revenir à ce qu’on sait depuis longtemps qu’il pense des juges d’instruction (et de la Justice en général), à une vision parfois assez simpliste qu’il a des rapports entre personnes, et aussi à la très haute opinion qu’il se fait de lui-même.
Car, au fond, ce qu’il n’a pas aimé du tout (et ce qu’il n’avouera jamais), c’est aussi le camouflet qu’il a subi d’avoir été considéré et convoqué comme le justiciable moyen, le vulgus pecum, sans escorte et sans apparat.

Le monde selon TF1

La #manifpourtous a rassemblé un public nombreux, plus habitué d’ordinaire les dimanches après-midis à regarder la télé ou jouer avec les enfants au parc, et qui a découvert avec stupeur pour sa première contestation que les réactions des forces de l’ordre lorsqu’on n’obtempère pas font mal.

Sentiment d’impunité

Cette fois c’est fait, Nicolas Sarkozy est mis en examen dans l’affaire Bettencourt pour abus de faiblesse de la vieille dame (se méfier toujours d’un juge Gentil) dans le cadre du financement de sa campagne de 2007. Il avait déjà été entendu en novembre comme témoin assisté.
Ses lieutenants lancent désormais la riposte, dénonçant, avec des propos franchissant parfois les bornes avec aplomb (ici, ici, ici, ou encore là), la décision du juge d’instruction de mettre en examen un ancien président, pour un motif aussi futile.
Même Copé.

Séquence militaire

Le départ de Cahuzac n’y changera rien, c’est une longue séquence militaire qui nous attend, entre fin programmée de l’opération Serval, et des restrictions budgétaires drastiques qui vont toucher l’armée et obliger à des décisions de fond.

Pas forcément coupable

Hasard du calendrier (ou pas), c’est à la veille d’une motion de censure (n’ayant certes aucune chance d’aboutir) que Jérôme Cahuzac, sous le coup d’une enquête judiciaire, a dû démissionner de son poste de ministre du budget, ce qui ne veut d’ailleurs pas dire qu’il est forcément coupable.
Très ému, il a passé le flambeau ce midi à Bernard Cazeneuve, qui sera très regretté aux affaires européennes.

Le chemin de Benghazi

Nicolas Sarkozy, tout propre et bien rasé, est en visite en Libye où il doit rencontrer le premier ministre, deux ans presque jour pour jour après le lancement des opérations de l’OTAN contre le régime de Kadhafi, afin de se refaire une santé politique.
Acclamé là-bas comme un libérateur et presque comme un chef d’Etat par la foule (c’est de cela qu’il est en manque), il a sans doute en tête d’en faire une première étape de reconquête du pouvoir.
Je note au passage que s’il est ce mardi en Afrique du Nord, cela signifie qu’il n’est pas à Rome pour la messe inaugurale du nouveau Pape François.
Quelle surprise de la part d’un homme aussi dévôt!

MàJ 18h: on me fait remarquer ces photos-ci, où la petite barbe de trois jours est bien visible.

Une constante

La commande record d’avions Airbus par une compagnie low cost indonésienne, signée ce jour à l’Elysée (et non au siège de l’entreprise à Toulouse comme initialement prévu), donne des ailes au Président.
C’est l’occasion de rappeler une constante du pouvoir, quelle que soit le régime et la couleur politique, et valable sans doute depuis que le monde est monde.